samedi 12 janvier 2008

Les petites paires et la cote implicite.

Cette main est très particulière étant donné qu’elle m’a permis d’éliminer un joueur après 2 minutes de jeu ! L’analyse de cette main me permettra de parler de deux sujets importants, à savoir les petites paires et la cote implicite.

Situation : Sng chez moi, 10 joueurs.

Les tapis sont à 500, les blindes commencent à 1-2. Ceci est la première main du tournoi.

-(Utg) call
-(Cutoff) Je call avec 55
-SB* Fold
-BB Raise 15
-UTG Call

C’est donc à moi de prendre ma décision avec ma paire de 5. Je vais commencer par vous expliquer la notion de cote explicite. Imaginons que vous ayez un tirage couleur max au flop. Le pot est de 100. Votre adversaire mise 50, vous le suivez. Examinons la cote. La probabilité que la turn vous donne votre couleur est d’environ 1 chance sur 5. Votre adversaire vous demande de mettre 50 dans un pot de 150 (100 + la mise de l’adversaire). Si vous touchez votre couleur, vous aurez gagné un pot de 200 (150 + vos 50 si vous avez callé). Vous aurez donc gagné 4 fois votre mise alors que vous n’aviez qu’une chance sur 5 de toucher votre couleur. Votre adversaire a cassé votre cote explicite. Vous serez perdant sur le long terme. Bien sur, tout cela n’est que théorie pure car évidemment, il est possible que votre adversaire continue de miser à la turn, même si une troisième carte à cœur sort. C’est ici qu’il faut prendre en considération la cote implicite.

La cote implicite est le gain que vous espérez faire en plus du pot si vous touchez une carte particulière. Dans l’exemple ci-dessus, il est clair que n’importe quel joueur suivrait une mise à la moitié du pot avec un tirage couleur max, bien que sa cote explicite soit cassée. En effet, un petit calcul vous dira qu’en investissant 50, il vous faudra remporter 250 lorsque vous toucherez votre tirage. Le pot étant de 200 après votre call, il suffit que l’adversaire verse généreusement 50 de plus pour vous permettre de rentabiliser votre investissement, autant dire que ça vaut le coup ! Après ces petites précisions, je vais en revenir au coup qui nous intéresse.

Je regarde donc ma jolie paire de 5 en me disant qu’il faut que je verse 13 dans un pot de 33 pour aller voir le flop. Il y aura fatalement des cartes supérieures à 5 sur le flop, donc si je paie, ce n’est que pour toucher un brelan. La probabilité de toucher un brelan est d’environ 1 chance sur 8. Mais attention, vais-je gagner le coup à chaque fois que je toucherai le brelan ? L’adversaire aura-t-il touché un bon flop qui lui fera pousser des jetons avec la main perdante ? Bien sur que non. Voilà pourquoi il faut voir un peu plus large. Pour plus de facilité et plus de précision, considérons qu’on touche le brelan 1 fois sur 10. Maintenant que vous connaissez les cotes, vous aurez donc vite fait le calcul : 13 (mon investissement) x 10 (car une chance sur 10) = 130 (ce qu’il faut impérativement que je gagne lorsque je toucherai mon brelan, pour compenser toutes les fois où je ne l’aurai pas touché). Une fois que le flop sera distribué, il y aura 46 dans le pot. Il suffit qu’un de mes deux adversaires mise 2 fois dans ce pot pour que je rentabilise. Si l’un des deux touche quelque chose ou essaie de bluffer, une première mise de 35 dans le pot de 46 puis une seconde mise sur la turn de 80 dans le pot de 116 suffiront largement à rentabiliser.

Dans ce cas ci, le fait que 2 joueurs soient dans le coup penche évidemment dans la balance. C’est un argument de plus pour caller. Je pense que je n’aurai pas callé en duel, les chances qu’un joueur touche un bon flop est en général fort mince. Mais qu’un des deux joueurs touche, cela est plus probable.

Je décide donc de caller avec ma paire de 5.

Le flop : 2h 5c 9d

Mon adversaire mise au pot, je décide de caller en me disant que si je relance, je risque de le chasser si il était en bluff avec 2 cartes supérieures. De plus, il n’y a aucun tirage donc je ne dois pas protéger ma main.

La turn : 9h

Mon adversaire check. Je le vois sur 2 cartes supérieures, il check après une continuation bet ratée. Je décide de checker aussi car j’ai mon full, je n’ai peur d’aucun tirage et je veux lui donner une chance de toucher une carte qui lui ferait mettre de l’argent dans le pot.

La river : Jc

Mon adversaire fait une bonne grosse mise. Je le vois sur AJ, peut être KJ ou alors sur un bluff car il a peut être interprété mon check à la turn comme un signe de faiblesse. Je décide de le surrelancer, évidemment. Il m’envoie son tapis. Je paie. Il révèle sa paire d’as et je l’élimine à la première main.

Analyse de son jeu : Pas beaucoup de commentaires à faire mis à part sa grosse erreur sur la river. Une fois que je le surrelance, il n’a aucune raison d’envoyer tapis. Pourquoi ne pas juste payer ? Il n’a qu’une paire !!!

En conclusion, avant de caller avec une petite paire, dites vous bien que pour rentabiliser, il faudra que vous gagniez 10 fois votre investissement lorsque vous toucherez le brelan. Et puis surtout, n’oubliez pas qu’une paire d’as, ce n’est qu’une paire…


Sherman_xxx

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